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L’égalité hommes-femmes reste à faire

Égaux, les hommes et les femmes au Québec en 2022 ? Pas encore ! Stress, revenus, pouvoir… Les femmes tirent encore de l’arrière aujourd’hui par rapport à leurs confrères dans une panoplie de domaines, confirme une nouvelle compilation de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Read about in English

Source: Le Devoir | Jean-Louis Bordeleau

Les femmes tirent encore de l’arrière aujourd’hui par rapport à leurs confrères dans une panoplie de domaines, confirme une nouvelle compilation de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Illustration: iStock pour Le Devoir
Les femmes tirent encore de l’arrière aujourd’hui par rapport à leurs confrères dans une panoplie de domaines, confirme une nouvelle compilation de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Illustration: iStock pour Le Devoir

Mais d’abord, les progrès. En 15 ans, le revenu moyen des Québécoises n’a cessé de grimper. L’écart salarial est passé de 10 400 $ en 2005 à 8300 $ en 2019, expose la « Vitrine statistique sur l’égalité entre les femmes et les hommes » de l’ISQ, parue fin juillet.


Malgré cela, la gent masculine continue de recevoir près de 200 $ de plus par semaine, en moyenne, comparé à leurs consoeurs, signe que les hommes gagnent de meilleurs salaires mais aussi que les femmes travaillent moins d’heures en général.


Les femmes sont aussi moins nombreuses à travailler tout court, par un écart de 8 points de pourcentage en 2021. « L’écart reste là et ne bouge pas tant que ça à travers le temps.

Les femmes travaillent moins d’heures annuellement, peut-être pour remédier au fait qu’il y a du travail non rémunéré », commente la coordonnatrice du programme d’analyses et d’indicateurs sociaux de l’ISQ, Marie-Andrée Gravel.


Graphique : Le Devoir  Source : Institut de la statistique du Québec

On voit que les femmes sont plus scolarisées en général que les hommes. Par contre, elles ont des revenus moindres, et elles assument des responsabilités familiales plus importantes », confirme son collègue Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistiques du travail affilié au projet.


La COVID-19 d’ailleurs fait reculer quelques années de progrès en ce sens, car « au sortir de la pandémie, les femmes ont eu plus de difficulté à retrouver leur niveau d’emploi », affirme-t-il.


Si ces deux analystes ciblent les responsabilités personnelles et familiales des femmes comme une source d’inégalités, il faut rester prudent pour ne pas simplifier à outrance, défend la professeure à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, Marie-Thérèse Chicha.


« Parler uniquement des obligations familiales, c’est faire un lien trop facile, avance la chercheuse. Ça revient à enlever le rôle que doivent jouer le gouvernement et les entreprises pour réduire ces inégalités. »


Emplois de femme, emplois d’homme

Plusieurs catégories d’emploi conservent une teinte genrée, selon les statistiques recueillies par la Vitrine. Ce constat désavantage les femmes, puisqu’elles héritent de professions moins bien payées et plus exigeantes, observe Isabelle Gélinas, directrice des communications du Y des femmes de Montréal (YWCA).


« Il y a ce mythe qui affirme que l’égalité est atteinte. On a cette sensation que c’est beau, que tout va bien. Mais le détricotage d’une société qui a longtemps et est encore en grande partie menée par des hommes, c’est difficile et c’est long. »


La gestion, les sciences naturelles et les « métiers » demeurent très largement masculins. Tout le contraire des emplois dans la santé, l’enseignement, de même que dans les services sociaux et gouvernementaux.


Les femmes n’occupent aujourd’hui que 35 % des postes de cadres supérieurs au Québec, bien que cette proportion s’élevait à seulement 20 % en 2005.


En revanche, des avancées notables ont été réalisées parmi les magistrats de la Cour du Québec. Tandis qu’on ne comptait que 103 juges au féminin pour 161 juges au masculin il y a dix ans, la parité est désormais atteinte (146 femmes pour 151 hommes). Ces gains proviennent surtout d’un changement de loi en 2012 pour obliger une sélection des juges favorisant cette égalité.


La loi a peut-être changé, mais le vrai défi reste de changer les mentalités, critique Mme Chicha. Déconstruire les idées préconçues ne sera pas possible « tant qu’il y aura des ghettos d’emploi féminin », dit-elle.


Nous sommes peut-être loin de l’époque des femmes à la maison, mais ces dernières consacrent encore une heure de plus quotidiennement que les hommes aux travaux domestiques (3,5 heures par jour contre 2,5 heures par jour).


« Ça veut dire qu’elles sont plus stressées, observe Marie-Thérèse Chicha. Elles peuvent s’adonner à moins de loisirs et ont moins de temps pour elles. » Ses propos résonnent dans les données de la Vitrine où l’on dénote effectivement un niveau de stress supérieur chez la femme.

[... ] Le Québec fait tout de même bonne figure parmi les pays de l’OCDE, commente Luc Cloutier-Villeneuve. « En fait, on a une tendance à une plus grande égalité qu’aux États-Unis ou ailleurs dans d’autres provinces comme en Ontario ou dans l’Ouest canadien. Mais il y a toujours matière à amélioration. »


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